Goodbye Monster _ Penser n'avoir qu'un impact négatif sur le monde
[Suicide explicite]
Ce texte a été écrit en 2017. Il est utile pour comprendre ma construction, et dans quel état d'esprit j'ai grandi. Pour comprendre l'impact des maltraitances psychologiques intenses.
Et pour comprendre, aussi, malheureusement, de quelle manière je me perçois encore, de manière plus ou moins intense, aujourd'hui. Je travaille dessus. Ça reste infiniment difficile.
Il est par ailleurs au féminin, parce que, bien que je parle très rarement de mon passé au féminin, je n'ai absolument pas le courage de le "corriger" actuellement.
(Je suis en sécurité actuellement).
« Goodbye Monster »
Elle se balançait là, au milieu de la pièce. Si blanche qu’elle ressemblait à un ange. Ici, accrochée par le cou, on n’avait plus peur qu’elle fasse du mal. Elle semblait paisible, enfin. Un ange. A ses pieds, sur le sol, une phrase :
« Goodbye Monster ».
Oui, elle avait l’air angélique, ici. Elle aurait pu l’être, si elle était parvenue à ne pas être un monstre. Elle aurait tant voulu, elle en avait rêvé. Être tout simplement quelqu’un de bien, sans monstre caché. Elle y avait travaillé, avait essayé de le combattre. Elle le savait, que le monstre n’était pas une chose en elle. C’était elle, le monstre. Pourtant elle l’avait combattu, espérant que ce n’était qu’une partie de son âme, qu’elle pourrait détruire. Elle s’était blessée elle même. Physiquement, mentalement. Espérant un jour atteindre la bonne cible, atteindre le monstre, l’anéantir. Finalement elle s’était détruite elle même, et pourtant elle avait continué de détruire les autres. La culpabilité continuait de la ronger, et elle méritait alors ce qu’elle s’infligeait. Elle s’était détruite, et maintenant elle pendait là, juste deux mots à ses pieds :
« Goodbye Monster ».
Voyant qu’elle ne pouvait pas l’attaquer, elle s’était dit pouvoir peut-être l’apprivoiser. Elle avait essayé de lui pardonner, et alors de se pardonner elle-même. Elle avait essayé de le connaître, et de se comprendre un peu plus. De comprendre pourquoi elle devenait un monstre, et comment l’éviter. Quelles situations le faisaient prendre le dessus. Elle avait essayé de faire attention, de reconnaître ces scènes si récurrentes. De mesurer ses paroles, de réfléchir, tout le temps. Elle avait naïvement pensé qu’en l’apprivoisant, qu’en apaisant cette part de son être, elle pourrait même l’aider. Que le monstre pourrait la défendre quand il le fallait vraiment, au lieu d’attaquer n’importe qui, n’importe comment, n’importe quand. Et pourtant…
Le monstre avait continué de mordre, elle avait continué d’attaquer. Sans distinction, sans logique compréhensible. Il la mordait aussi. Elle s’attaquait elle-même, le monstre la dévorait de l’intérieur. Elle voulait pourtant tellement changer. Ne plus faire de mal. Et maintenant elle oscillait là, pâle, deux mots joliment tracés :
« Goodbye Monster ».
Elle s’était sentie comme un animal blessé, farouche. Dans cette situation, la plus paisible des créatures peut mordre. L’énergie du désespoir, l’instinct de protection. Comment, trop blessée pour s’enfuir, peut-elle savoir si une personne qui l’approche veut l’aider ou l’achever ? Alors elle mord, pour ne pas risquer la douleur.
Mais elle, elle ne comprenait pas. Pourquoi était-elle comme cela. Quel était son piège à loup ? Quelle était sa blessure, qui la rendait inapprochable ? On finirait par être incapable de l’aimer. Peut-être était-ce justement ça, le problème. Elle ne pensait pas être digne d’être aimée, alors elle repoussait. Parce que personne ne méritait de devoir la supporter. Et parce que si elle ne pouvait pas l’être, alors pourquoi la frôler ? Elle avait peur d’être abandonnée, ou blessée plus encore. Puisque personne ne devait venir pour lui apporter de l’amour.
Il faudrait qu’elle parvienne à s’aimer, pour pouvoir laisser les autres le faire à leur tour. Simple comme bonjour, théorie vieille comme le monde. Mais comment s’aimer, quand on est un monstre ?
Cercle vicieux dont elle ne parvenait pas à s’extriquer. Il l’étranglait, comme la corde à laquelle maintenant elle était accrochée, deux mots abandonnés :
« Goodbye Monster ».
Et plus le temps passait, plus grandissait l’idée que la seule solution restante était de se tuer. Ainsi le monstre serait achevé sans faute, sans risque d’échec. Plus de douleur causée. Il ne mordrait plus jamais personne, elle n’attaquerait plus jamais ceux qui voulaient s’approcher. C’en serait fini. Elle avait choisi ce qu’elle pensait être le seul moyen d’être une bonne personne, la seule chose qu’elle pouvait faire pour répandre le bien. Alors maintenant elle se reposait, semblant presque belle, avec son air d’ange. Deux mots pour tout résumer :
« Goodbye Monster ».
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