Interdiction d'avoir des limites _ Dressage à la soumission non consentie

 [Viol, Maltraitances psychologiques de parents sur enfant, Inceste, Culture du viol]

Ne lisez pas cela si vous allez mal, êtes dans une situation fragile. Prenez soin de vous.


Quand j'étais petit, on m'a appris que je n'avais pas le droit d'avoir des émotions. Encore moins le droit de les montrer.
J'allais infiniment mal. C'est difficile de me rappeler. Mon cerveau est un gruyère. Les multiples traumatismes étaient trop douloureux à gérer. Alors il a enfermé mes souvenirs dans des placard très blindés. Mais ces placards fuient, les émotions sortent souvent. J'ai des flashbacks, Et j'ai développé des mécanismes de survie médiocres.
La chose dont je suis certain, c'est que j'avais déjà des idées suicidaires très concrètes à 11 ans.
Mes parents m'ont maltraité, encore et encore. M'ont refusé de l'aide, malgré mes supplications. M'ont répété, un nombre incalculable de fois, que je n'avais qu'à faire plus d'efforts. Que tout était ma faute. Que je faisais du mal à tout le monde. Qu'il fallait pas que je m'étonne si les gens ne m'aimaient pas, si je n'avais pas d'ami'es.

Un jour, lorsque j'étais jeune préadolescent, ma mère a parlé d'un achat de soutien-gorge pour moi à mon père. Je ne me rappelle plus le propos exact. Mon père a répondu "tant mieux, c'est comme ça que je les aim, les seins, bien ronds et fermes." En parlant de ma poitrine.

Un jour, je suis descendu dans le salon avec une serviette de toilette en guise de vêtements, car j'avais oublié quelque chose pour ma douche.
Mon père a tiré sur ma serviette pour tenter de me déshabiller. Quand j'ai mal réagi, il a dit "Oh, ça va, c'est pour rigoler!", d'un ton qui indique clairement qu'il ne faut surtout pas protester.

J'ai des énormes phobies d'impulsion concernant mon père. Je fais également beaucoup de cauchemars où il me viole. C'est traumatisant. Chaque fois, je me réveille dans une douleur intense, qui reste dans la journée, les jours suivants. Et reste la question : Est-ce que ce sont des rêves d'extrapolation de l'ambiance générale de la maison, ou est-ce qu'il y a des choses dont je ne me souviens pas ?

On m'a clairement appris que je n'avais aucun droit d'avoir des limites. Sois une jolie fille, ne grossis pas trop, mets une jolie robe, accepte ce qu'on te demande, mais pas trop facilement quand même,...
Et surtout, surtout, ne montre pas tes émotions. Surtout pas de tristesse. Encore moins de colère. N'exprime pas tes angoisses. Même la joie était souvent réfrénée.

J'ai grandi avec l'idée d'être un jouet cassé.

Durant ma première relation, souvent, mon copain venait me chercher le samedi au lycée, puis on allait chez mes parents. On arrivait souvent en s'engueulant. A peine avait-on passé la porte, à peine mes parents avaient-ils le temps de comprendre qu'il y avait un conflit, il m'était immédiatement dit de me calmer. De ne pas être en colère.
Ils ne demandaient jamais avant quel était l'objet de la dispute. Par défaut, j'étais coupable. Coupable car je devais tout accepter.

Ce premier copain a été ma "première fois". On a commencé à faire des choses, sans aucune intimité disponible. On ne pouvait être que chez moi, puisque sa famille ne voulait pas de moi. Chez moi, j'étais dans un tout petit grenier, avec mes deux soeurs. Les seules séparations étaient des rideaux transparents, que j'avais recouverts de plaids pour cacher.
J'ai donc dès le départ associé sexualité avec culpabilité. Et au fond, je ne sais même pas si j'avais envie de ça. J'avais à peine 15 ans, il en avait 18. Il m'avait dit "je ne vais pas attendre éternellement."
Une fois où je voulais arrêter un acte sexuel, il m'a dit "c'est pas juste d'arrêter alors que j'ai pas fini, c'est méchant !" Evidemment, il ne se demandait absolument jamais si j'avais, moi, "fini".
A mes 16 ans, j'ai accepté la pénétration. On était dans une tente merdique.
J'ai eu infiniment mal. Je suis très résistant à la douleur, mais, là, j'avais l'impression qu'on me déchirait de l'intérieur. Comme si on tentait d'introduire un truc énorme dans un trou trop petit. Pourtant, il n'y avait pas de réel problème de taille.
J'ai laissé faire. Je devais donner aux gens ce qu'ils voulaient, si je ne voulais pas être rejeté, abandonné ou maltraité.
Je suis resté 3 ans et demi avec cette personne. Durant tout ce temps, j'avais infiniment mal. A chaque fois. Sans exception.
Il n'a jamais cherché à réfléchir au problème. C'était mon problème, pas le sien, et c'était une fatalité.
J'ai intériorisé que j'avais un problème.
Je n'arrivait pas à profiter, je subissais, et par conséquent éétait peu actif, tétanisé par la douleur et l'impression d'être un objet.
Quelques mois après que j'ai rompu, quelqu'un m'a dit qu'il n'était avec moi que parce qu'il ne pouvait pas être avec la fille qu'il voulait. Qu'il avait dit que j'étais moche. Que je baisais mal. Que je voulais même pas le sucer.
Et je sais que c'était vrai. Et finalement, j'ai culpabilisé, car j'aurais du partir avant. Peut être le jour où il a dit "t'es pas un bébé hippopotame, t'es carrément la maman hippopotame", en référence à mon poids, alors que je complexais énormément et souffrais de dysmorphophobie. Peut être le jour où il m'a dit "t'es pas mon style, mais on se contente de ce qu'on a." Peut être le jour où son meilleur ami m'a dit "avant, il visait des filles trop bien pour lui, mais maintenant il a compris, il est avec toi." et qu'il a acquiescé.

Mais, j'avais déjà intégré que j'étais un objet encombrant. Que quand je n'arrivais plus à réfréner mon humanité, j'étais impossible à vivre.

Ensuite, je suis sorti avec un autre garçon. C'était doux. Enfin, je le croyais.
Le jour de notre premier vrai date, il m'a demandé mon autorisation avant de m'embrasser. Je me disaiss que c'était vachement chouette, qu'on me demande mon avis.
Ensuite, il m'a emmené dans l'aire de verdure du campus universitaire proche. On s'est assis. Il a commencé à m'embrasser, et a immédiatement mis sa main dans mon soutien gorge, profitant que j'avais une chemise avec un léger décolleté. Je me suis tétanisé. Je ne sais pas combien de temps s'est passé avant que j'arrive à réagir. C'était un week-end, le campus était vivant. Des gens passaient proches de nous. J'avais l'impression de me noyer au milieu d'un lieu où personne ne pouvait le voir.
Mais, le pire, c'est que j'avais honte. Est-ce que je n'étais pas un peu une salope, de me laisser peloter au milieu d'un campus ?
Entre-deux, il m'a demandé si on pouvait aller chez moi. Je ne sais plus ce qu'il s'est passé, si j'ai accepté ou pas. Je sais juste que ce n'est pas allé plus loin ce jour ci.
J'ai pourtant continué avec lui. Après tout, c'était normal que les gens prennent ce qu'ils veulent de moi, non ?

Par la suite, il a outrepassé plusieurs de mes limites. La qualification, selon la définition, est celle de viol. Mais on m'a tellement dit que c'était pas si grave, que j'ai du mal encore aujourd'hui à croire mes sentiments qui me disent que c'était grave.
Il m'avait déjà clairement dit que ma meilleure amie était plus attirante que moi.
Ensuite, j'ai appris qu'il était accro au porno. Il pouvait "y arriver" en couchant avec moi. Mais, seul, il ne pouvait pas jouir sans, et était incapable de dormir sans cette étape. Quand il était avec des amis, il refusait de m'envoyer le moindre message, même juste pour me dire bonne nuit. Il m'a dit que, dans ces moments là, je ne lui manquait pas. Le porno, si. Ca l'empêchait de dormir. J'ai aussi appris que, lorsqu'on dormait en laissant la webcam allumée, il regardait des pornos une fois que je dormais. Il a aussi menti en disant être en train d'avoir des relations sexuelles en ligne avec moi quand ce n'était pas le cas. Parce que c'était trop la honte, de dire à ses amis qu'il n'était pas très dispo parce qu'il passait du temps en ligne avec moi. Alors que si c'était pour du sexe, c'était une gloire.
Ca n'aurait pas forcément tété si grave, s'il n'avait pas regardé du porno depuis très, très jeune, et ne s'en était jamais détaché. Pour lui, la vie sexuelle, c'était le porno.
Il n'avait pas de notions correctes de consentement.
Du coup, il me comparait aussi aux actrices qu'il regardait. Disant que je serais mieux avec des kilos en moins, plus d'abdos, uns plus grosse poitrine,...

Finalement, ce n'était peut être pas si grave. Jusqu'au jour où il m'a avoué avoir, environ 3 ans avant, tenter de commettre des attouchements sur son petit frère. Il m'a annoncé ça d'un seul coup. M'a expliqué qu'il s'était déshabillé devant son frère, enfant, et lui avait demandé de lui caresser le sexe. Son frère a refusé. Alors il lui a fait croire que c'était un "exercice" pour l'entrainer, si quelqu'un tentait de lui faire ça un jour.
J'ai fait une amnésie traumatique de ce fait.
Quand j'ai finalement réussi à le quitter, je l'ai forcé à avouer cela à sa mère. Elle a dit que c'était pas bien, mais que c'était pas si grave, que c'était des choses qui arrivent.
Me concernant, elle a dit "C'est n'importe quoi, c'est pas des viols. Elle verra quand elle se fera violer par des mecs de cité."

J'ai rencontré mon copain suivant alors que j'étais encore sous le choc.
Il y avait notamment une partie de mon corps qu'il ne fallait surtout pas toucher.
Evidemment, dès qu'on a commencé à être plus intimes, il a touché longuement cette partie. Pour rigoler.
Je me suis habillé le plus vite possible, et ai erré dans les couloirs de sa résidence étudiant, un certain temps, complètement paumé, de la musique très fort dans mon casque audio. C'était la seule chose qui me raccrochait à la réalité.
Je ne me rappelle plus. Je crois qu'ensuite je suis retourné chez moi.
Mais j'y suis retourné. Je n'étais qu'un objet. J'ai pensé à ma meilleure amie qui m'avait auparavant prévenu qu'il lui avait déjà imposé de la "drague" graveleuse. Mais, après tout, pourquoi j'imposerais aux gens de me respecter ?
Il m'a fait beaucoup de mal psychologiquement. Ca a duré longtemps. Quand nous nous sommes quittés, il m'a dit que je méritais de mourir. J'ai reçu une dizaine de messages comme ça, en plein cours à l'université. J'ai fait une très grosse crise d'angoisse, tellement que les secours ont dû venir me chercher.

J'ai déraillé. J'ai couché avec différentes personnes, qui s'en foutaient complètement de moi.
Certains au moins essayaient de me transmettre du plaisir.
Mais la plupart se sont juste masturbés à l'intérieur de moi. Ne m'ont pas adressé un mot, ne m'ont pas touché autrement. Je les ai laissés faire.

J'ai eu une relation avec un autre homme. On se voyait très très fréquemment. Je ne sais plus, mais la majorité des jours.
Il fallait, à chaque fois, à tout prix avoir un rapport sexuel. Si je refusais, il insistait, encore, encore et encore, en me faisant culpabiliser, en se frottant à moi, jusqu'à ce que je cède.
J'ai subi de très nombreux rapports ainsi.
Une fois, j'ai refusé pendant trop longtemps. Il est parti dormir dans mon canapé, qui était bien trop petit pour lui. Il m'a dit que c'était pour ne pas me forcer. Il était incapable de rester à côté de moi sans me forcer.
Je n'ai aucune idée de ce qu'il a pu se passer les nuits où je dormais avec lui.
J'ai appris que je n'avais d'intérêt que si je donnais aux gens ce qu'ils voulaient, peu importe mon consentement, a fortiori du sexe.

J'ai déménagé. J'ai rencontré un garçon, qui était adorable avec moi.
J'ai passé une nuit chez lui. On a couché ensemble, et c'était cool. Donc, il m'a invité à passer une semaine chez lui.
Mais, après 3 jours environ, il s'est lassé. Alors il m'a dit qu'il n'avait plus envie que je sois là.
Il avait eu ce qu'il voulait, était repu, je n'avais plus d'intérêt.

J'ai échoué dans une énorme douleur chez un "ami", pour une soirée tranquille avec lui et ma "meilleure amie". On a bu un verre ensemble, et discuté. Puis elle est partie, me laissant seul avec lui. Il m'a encouragé à boire. Je n'ai pas refusé, je crois que j'ai même réclamé un verre.
Ce mec rêvait littéralement de coucher avec ma meilleure amie. Il ne s'en cachait absolument pas.
Mais bon, à défaut de l'avoir elle, il s'est contenté de ce qu'il avait sous la main. Une personne très malheureuse, au coeur brisé et bourrée.
On a couché ensemble. Il s'en occupé de moi, mais une fois qu'il a eu fini, il a arrêté, s'est posé, et s'est endormi. Je sais pas si j'étais vraiment consentant. Mais je me dis que c'est ma faute, que j'ai bu, et que je n'ai pas dit non.
Mais je sais que je n'étais qu'un substitut.


Je suis aujourd'hui dans une relation saine, bien qu'en danger.

Mais j'ai encore beaucoup de mal à réparer mon cerveau. Je mets la plupart du temps mes limites, mais en me sentant toujours coupable.
A côté de cela, j'ai des crises d'intenses phobies d'impulsion. J'ai peur de faire du mal à mon conjoint. Alors que je sais que je ne le ferais pas. Mais j'ai si peur de reproduire ce qu'on m'a fait vivre.
Parfois j'ai souvent envie, parfois pas du tout pendant un certain temps.
Quand je n'ai pas envie, je me dis que je n'ai pas d'intérêt, que je suis un problème. Que je ne dois pas avoir envie en général, mais que je dois avoir envie, et vite, lorsque quelqu'un veut avoir un acte sexuel avec moi.
En même temps, quand mon conjoint n'a pas envie pendant longtemps, je me dis que je ne suis clairement pas assez bien, pas attirant.

Je viens de vivre une situation qui a clairement renforcé ce sentiment.

Je suis en plein stress post-traumatique.

Je ne sais pas pourquoi j'écris ce texte. Enfin, si. J'écris ce texte pour essayer de calmer le bruit intense dans mon cerveau, d'arrêter les traumatismes de rebondir partout sur les parois de mon crâne.

En réalité, je ne sais pas pourquoi je le publie.

Peut être pour que d'autres se sentent moins seul'es.
Peut être pour que mon entourage comprenne.
Peut être pour alerter sur le fait qu'apprendre à un enfant que ses limites ne comptent pas, c'est dangereux. Ca peut tuer. Et que les autres personnes, lorsqu'elles renforcent cela, sont responsables aussi.

Je ne sais pas où mène tout cela.

Je suis juste terrorisé par la noirceur de mes pensées.

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